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26 juin 2011 7 26 /06 /juin /2011 07:05

Dans un contexte de pénurie de paille, la question n’est pas de déterminer quel est le meilleur matériau de litière, car c’est à l’évidence la paille de céréales, mais plutôt de définir les conditions dans lesquelles d’autres produits seraient utilisables sans trop de risques. Il faut donc envisager la combinaison des matériaux avec les principaux modes de logement, et ceci pour les diverses catégories d’animaux. Le tableau 1 présente les possibilités d’utilisation de ces matériaux.

Tableau 1 : Appréciation des possibilités d’utilisation de divers matériaux de litière

tabl-comp-pail.jpg

 

Quelques règles de base 

Disposer d’un matériau de litière bien sec, non contaminé, non moisi, le plus absorbant possible Le matériau de litière doit être bien sec. Quel que soit le produit considéré dans le tableau 1, le risque principal provient de mauvaises conditions de conservation du matériau de litière. Tout produit qui n’aurait pas été stocké à l’abri de la pluie sera très certainement contaminé par des moisissures et/ou des bactéries qui pourront être source de problèmes pathologiques pour le troupeau.

 

Adapter ses pratiques

Dans la plupart des cas, l’éleveur devra adapter ses pratiques pour compenser un risque plus élevé de souillure de l’animal et donc de contamination. Réduire la quantité de déjections sur le couchage s’avére indispensable et constitue le facteur clé de la réussite d’une nouvelle litière.

Tous les produits à fine granulométrie (sciure, déchets de papier …) peuvent adhérer assez facilement à l’épiderme de l’animal, en particulier sur la mamelle. Cela peut rendre indispensable des pratiques de nettoyage plus approfondi de la mamelle lors de la préparation à la traite.

De même, il est recommandé de laisser, si possible, plus de surface par animal, afin d’économiser de la litière, en réduisant par exemple, la taille des lots.

 

Ajuster les quantités de litière

L’évaluation précise des quantités nécessaires en litière pour des matériaux de substitution n’a jamais vraiment été faite, mais on peut considérer que la consommation exprimée en masse est inférieure ou égale à la quantité de paille habituellement nécessaire (voir tableau 2).

Il semblerait qu’on soit relativement proche de la quantité de paille lorsqu’on utilise des copeaux "en brins longs" issus d’un véritable rabotage et dont le comportement mécanique est assez proche de celui d’une paille en brins longs à moyens. La sciure dont le pouvoir absorbant de l’humidité est meilleur doit pouvoir permettre une économie exprimée en poids, et visuellement la quantité paraît nettement inférieure. Dans tous les cas, ces produits ne sont envisageables que s’ils sont bien secs.

Tableau 2 : Rappel des quantités de paille nécessaires en litière pour les principales catégories animales (par animal et par jour)

Vache allaitante + veau

Aire paillée intégrale : 8 à 12 kg

Aire paillée + raclage : 5 à 8 kg

Pente paillée : 3 à 5 kg

Logettes : 3 à 4 kg (fumier) - 0 à 1,5 kg (lisier)

Vache laitière en production

Aire paillée intégrale : 10 à 12 kg

Aire paillée + raclage : 7 à 8 kg

Logettes : 3 à 4 kg (fumier) - 0 à 1,5 kg (lisier)

Jeune bovin à l’engraissement

Aire paillée intégrale : 5 à 8 kg (selon l’âge et le poids des animaux)

Pente paillée : 3 à 5 kg

Petits ruminants

Chèvres/brebis adultes : 2 kg par jour

Chevrettes/agnelles : 1 kg par jour

soit plus de 700 kg par animal pour les élevages en zéro pâturage

 

Des outils pour "piloter" une litière

Le suivi de l’évolution de la température des litières est une technique efficace pour bien gérer une litière, notamment en permettant d’optimiser les dates et fréquences de curage. Cette pratique est aujourd’hui peu répandue dans les élevages mais ne nécessite pas d’équipement complexe : un thermomètre et des mesures réalisées à 10 cm de profondeur. Lorsque la température s’approche de 36 à 40°C, le chantier de curage doit être organisé selon les contraintes météorologiques, la portance du sol, la disponibilité du matériel.

 

Une réflexion plus large sur les modes de logement

Adapter les pratiques de gestion des litières dans les bâtiments

Pour les bâtiments avec logement des animaux sur litière paillée intégrale, la réduction des fréquences de curage de tout ou partie de la zone de couchage conduit à une réduction importante des quantités de litières consommées. Dans l’ouest de la France, un certain nombre d’éleveurs adoptent ces pratiques (de deux curages par semaine à un curage par quinzaine) et obtiennent des résultats probants (près de 50 % d’économie de paille). Toutefois, l’incidence sur la charge de travail est notable, mais reste acceptable selon les éleveurs. Enfin, un curage d’une aire paillée à une fréquence inférieure à 2 mois nécessite de disposer d’une fumière sur laquelle entreposer le fumier avant épandage (stockage au champ interdit).

Rendre les bâtiments moins consommateurs de paille

Au delà de la substitution de matériaux de litière, cet épisode de sécheresse doit nous sensibiliser pour amorcer la conversion de certains modes de logement trop consommateurs en paille.

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Published by patre - dans Réflexions agronomiques