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8 juillet 2011 5 08 /07 /juillet /2011 09:27

EXPLOITATION HOLISTIQUE de la Terre

Le concept d'exploitation holistique des ranchs, tel qu'on le désigne aux Etats-Unis, représente une technique révolutionnaire qui permet d'augmenter la productivité de l'exploitation bouchère et laitière du bétail par un facteur de trois ou plus, à coût réduit - tout en améliorant radicalement la composition des terres et de l'environnement.

Jan Christian Smuts inventa le mot « holistique » dans son livre inauguratif « holisme et Evolution », publié en 1926. L'étymologie du mot est grecque - « holos : signifie »entier « ou » « intègre ». Smuts démontre dans son œuvre que la nature ne peut s'épanouir qu'en fonction d'un tout.

En effet, l'équilibre entre la vie animale et végétale peut être détruit par la seule élimination d'un des chaînons - si petit soit-il - qui participe au bon fonctionnement de tous les organismes des écosystèmes et bio-systèmes particuliers à la nature d'un endroit.

Deux hommes se singularisent comme innovateurs modernes des principes appliqués dans le système d'exploitation et de régénération des terres : 

• Allan Savory, un spécialiste de l'élevage et des terres, et a été directeur de la gestion des terrains de chasse au Zimbabwe pendant 20ans. Il vit aux Etats-Unis. Il y a propagé sa méthode d'exploitation depuis son Centre de gestion holistique à Albuquerque au Nouveau Mexique. Il est l'auteur d'un traité sur l'exploitation des ranchs, intitulé « exploitation Holistique des Ressources », écrit en 1988.

• André Voisin (voir article "Hommage à André Voisin") , spécialiste de l'exploitation fermière et du rendement des terres est un autre innovateur. Son livre, intitule "Productivité de l'herbe'' expose ses découvertes au cours de ses expériences avec la méthode holistique.

Allan Savory avait observé que les savanes du Zimbabwe qui, deux générations auparavant, grouillaient d'herbivores sauvages, subissaient une baisse de productivité, alors que le nombre de bêtes par pâturage avait sensiblement diminué. Les terres de pâture, jadis verdoyantes et fertiles, se convertissaient en désert. La décroissance de la flore allant de pair avec la réduction des herbivores avait soulevé son intérêt.

En effet, pourquoi y aurait-il une détérioration de la flore alors que la situation - pouvait-on croire - prêtait à la régénérescence et à l'explosion de la flore.

La réponse est que la dispersion des herbivores est liée a une insuffisance d'éléments minéraux et végétaux contenus dans les bouses pour fertiliser les sols. Elle se trouve aussi dans le fait que lorsque les animaux paissent intensement un même "pacage", les herbes nutritivement riches peuvent se développer autant que les herbes nutritivement pauvres.

Donc, le développement optimal de la flore d'un endroit est irrémédiablement lié à une intervention animale intense.

Après de longues études sur la question, Savory conclut que la reconstitution des conditions « naturelles » ne pouvait s'effectuer que par la pratique du pâturage intensif caractéristique des temps passés.

Dans la nature, les prédateurs (l'homme y compris) forcèrent les grands herbivores - tels que les buffles, les gnous ou les aurochs et le bison d'Europe - à paître et à se déplacer en troupeaux extrêmement denses. Cette densité favorisait un pâturage ''flanc a flanc" périodique et limité, mais toujours intense.

C'est ainsi que les herbages du monde préservèrent leur fertilité, produisant les immenses et florissantes savanes, pampas et steppes de l'Afrique du sud, de l'Argentine, du Texas jusqu'au centre du Canada, et de l'Asie.

L'équilibre de la flore et de la faune résultant de ce long processus d'adaptation, fut rompu par l'homme. Ce dernier prédateur destructif, avec ses armes à feu et ses clôtures, brisa l'harmonie de cet abondant ensemble de systèmes et causa le déclin et la pollution des sols, et par association, une grande partie des problèmes d'environnement que nous subissons de nos jours.

La productivité des plaines du Texas, par exemple, a baissé de plus de 40% au cours des 120 dernières années. Cette valeur peut être retenue comme indice pour le reste des Etats-Unis et pour le monde. Ce pourcentage devrait nous alarmer : l'envahissement des plantes buissonneuses, la disparition des plans d'eau et le déclin des herbages productifs causés par un pâturage insuffisant et sélectif ont atteint des niveaux dramatiques. Que faire ? De toute évidence, nous ne pouvons pas revenir aux conditions primitives d'autrefois. L'effort et l'entreprise de régénération doivent donc venir de l'initiative privée.

Depuis le 18ème siècle au moins, la technique de pâturage en rotation a été employée en Europe. Celle-ci consiste à parceler les terres d'élevage en petites sections qui, une à une, seront consommées par tout le troupeau.

Cette méthode a produit des augmentations sensibles de la production et, éventuellement, par l'application du "facteur Temps", a produit le nouveau système qui fait l'objet du présent article...

André Voisin appela ce système « élevage rationné » et Savory « élevage holistique ».

Le facteur temps implique l'introduction d'une autre notion que celle de la rotation. En effet, le bétail n'est déplacé vers une pâture fraîche que lorsque l'herbe de la parcelle précédente a été complètement 'dévorée' - sans atteindre, bien sur, le point de non-retour où les racines seraient atteintes. Une période de repousse de chaque parcelle précède l'arrivée du bétail dans celle-ci. Ainsi, le pâturage des troupeaux flanc à flanc peut-être recréé, entraînant la régénération des terres, une abondante production de produits laitiers et bouchers.

En règle générale, l'exploitation holistique triple la productivité.

Sur ses terres fertiles, situées en Normandie, où l'herbe verte peut être mise en pâture pratiquement toute l'année, A. Voisin produisait annuellement plus de 1.2 tonne de viande par hectare, ce qui représentait plusieurs fois les meilleurs profits obtenus par toute autre méthode de pâturage ou de culture.

A. Voisin démontrait également que, grâce aux méthodes appliquées sur ses terres, la quantité de viande exprimée en « équivalent d'amidon » est de 87,7 unités comparée à 44 unités pour la culture de la betterave sucrière - la plus lucrative - et à 20,3 unités en ce qui concerne le blé. Le compte par unités d 'amidon permet la comparaison entre la production calorique de la viande, du sucre ou des produits de l'agriculture. Le fait est que le rendement des terres d'élevage traitées 'holistiquement' est supérieur à celui des terres cultivées 'traditionnellement

 

Voici un témoignage d'un éleveur texan à la fin des années 90 :

"Mon ranch de bovins et cervidés, situé dans le « hill Country » du Texas, est en train de produire de très bons résultats grâce à cette nouvelle méthode que j'ai mise en place depuis plus d'un an.

Mon ranch est partagé par une clôture électrique (un simple fil suffit) en 80 parcelles de pâturage d'environ de 10.5 et 21 hectares. La densité de mon troupeau de bovins est 2 fois et demie plus grande que celle qui est recommandée par les autorités agricoles de Texas pour mon type de terres.

Cependant, comme je produis déjà deux fois la quantité d'herbe requise par mon troupeau, j'ai l'intention de doubler la taille actuelle de mon troupeau au printemps de l'an 2000, en dépit de leurs recommandations. Ceci fera augmenter la densité du troupeau à un niveau 5 fois supérieur à la norme texane dont le conservatisme encourage la déperdition des terrains.

J'envisage l'augmentation de mes troupeaux parce qu'après dix huit mois d'application du système holistique, de nombreux signes indiquent une amélioration des conditions géologiques et écologiques de mes terres.

Le doublage du débit d'eau des sources naturelles indique que les indices de composition, porosité et perméabilité des sols se sont nettement améliorés.

La repousse d'espèces végétales depuis longtemps disparues indique que le sol absorbe plus rapidement et aisément les éléments déposés- par les eaux ou par les animaux sous forme de bouses.

Comme nous avons cessé l'usage des insecticides, la bouse a attiré chez nous de nombreux scarabées bousiers. (Les Egyptiens dont la survie dépendait de la fertilité des terres Niliaques (du Nil), avaient donc de bonnes raisons de choisir ce magnifique insecte comme symbole de renaissance. La présence du scarabée indique que la terre 'travaille' dans son intérieur. Grâce à eux, la bouse disparaît en moins de 36 heures après avoir été déposée sur la surface du sol par le bétail, alors qu'il fallait auparavant 1an et demi pour restituer les éléments fertilisants au sol.

La biodiversité, également considérée comme indice de la réussite du processus d'exploitation holistique, s'est manifestement accrue - tant dans la faune que dans la flore. La faune sauvage - chevreuils, antilope, Américains cervicaux, cerfs communs et sanglier européen - est mieux portante qu'auparavant. La population de cerfs s'est accrue. Les cailles abondent pour la première fois depuis 70 ans, grâce à l'augmentation et à la densité des herbes qui lui procure graines et refuge. La population de sangliers européens est attirée par notre végétation plus verte et abondante que celle de nos voisins. Ils contribuent à l'aération des sols et se substituent aux prédateurs canins, lesquels n'existent pratiquement plus, pour contrôler la densité de la faune sauvage..."

A. Savory a démontré et prouvé que même les terres, rendues désertiques par l'insuffisance du pâturage, peuvent se rétablir par l'emploi de la méthode holistique en élevage. Les résultats qu’il a obtenu dans son ranch situé dans le Désert de Karoo en Afrique du sud fournit la preuve irréfutable du succès de ses méthodes ; ses pâturages ont recouvré leur vigueur et équilibre grâce à sa souple interprétation et son observation de l'interdépendance du monde minéral, végétal et animal dans le monde naturel.

La mise en œuvre de méthodes Holistiques pour sauver nos terres d'élevage ne sera pas effectuée par les politiques. Il existe trop d'influences puissantes qui refusent d'accepter sa validité, tels que les scientifiques spécialisés dans l'agriculture, et les sociétés chimiques qui auraient trop à perdre si l'on cessait l'usage des insecticides, des engrais chimiques...

Ce n'est qu'en montrant l'exemple que nous parviendrons à démontrer l'efficacité des méthodes holistiques.

L'augmentation des bénéfices nets devrait être très persuasive pour les exploitants. Le fait que notre méthode soit le seul système viable d'exploitation des terres - et par conséquent, un remède prouvé contre la désertification - devrait être également persuasif pour le public et la communauté scientifique.

 


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Published by patre - dans Réflexions agronomiques
7 juillet 2011 4 07 /07 /juillet /2011 14:54

Les néo-zélandais ont privilégié depuis longtemps des vaches légères, aptes au pâturage par tous temps, présentant un bon potentiel de production de matières utiles et une bonne aptitude à la reproduction.

Ces objectifs les ont conduits à privilégier la jersiaise qui représente près de 40 % de l’effectif de vaches (race pure ou croisée) et orienter la sélection de la Holstein dans une voie différente de celle connue en Europe et Amérique du Nord.

Néanmoins, la part de sang Holstein «US» atteint aujourd’hui 40 % et provoque des problèmes de fécondité, préjudiciables dans un système de vêlages groupés, où toutes les vaches doivent vêler en deux mois.

Les orientations génétiques du troupeau font donc l’objet de débats passionnés mais argumentés dans ce pays.

L’organisme de recherche Dexcel a ainsi conduit un essai comparant des Holstein néo-zélandaises des années 1970, des Holstein néozélandaises des années 1990 avec au moins 90 % de sang «néozélandais » et des Holstein américaines des années 1990.

Les index des vaches des deux derniers types sont voisins et très supérieurs à la génétique des années 1970. Ces types génétiques ont été croisés avec des conditions d’alimentation différentes, soit exclusivement à l’herbe, soit avec un complément de maïs-ensilage.

Cet essai est conduit en collaboration avec le centre de recherche de Moorepark en Irlande, qui a mis en œuvre un dispositif expérimental proche.

Les résultats montrent que la production de matières utiles est supérieure d’environ 5 % pour la génétique néo-zélandaise des années 1990, comparativement à la génétique américaine du même millésime, cela en conditions de pâturage sévères. Les performances laitières sont identiques en conditions d’alimentation plus libérales (proches de celles connues en Bretagne).

Par contre, la fécondité et la fertilité sont systématiquement supérieures pour la génétique néo-zélandaise. Les résultats obtenus en Irlande sont très proches.

Ces essais ne condamnent pas la génétique Holstein disponible en Europe mais incitent à introduire des critères liés à la reproduction dans les schémas de sélection, comme c’est déjà le cas.

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Published by patre - dans Réflexions agronomiques
7 juillet 2011 4 07 /07 /juillet /2011 05:29

 

L’élevage Ovin,


Acteur de la cohésion sociale en milieu rural

En créant de l’emploi dans les territoires faiblement peuplés, en participant de façon importante à la qualité et à la diversité des paysages et donc à l’attrait touristiques de nos campagnes, l’élevage ovin contribuent au maintien de la vie sociale dans le milieu rurale.

Acteur de l’aménagement du territoire

L’élevage ovin permet de produire de la viande, du lait mais aussi de la peau et de la laine dans des zones difficilement cultivables. Il permet de répondre à la demande des consommateurs français en produits carnés et laitiers de qualité mais aussi de créer de l’emploi dans les zones rurales.

La production ovine française génère à elle seule plus de 15 000 emplois directs (emplois liés à la production et à la transformation), sans compter le nombre d’emplois indirects liés au tourisme, à l’animation, au conseil, au commerce…

 

 

Nos brebis ouvrent l’espace

L’herbe et les céréales constituent la base de l’alimentation des ovins. Ainsi, par leur présence, les brebis participent au maintien des paysages diversifiés qui façonnent notre territoire (champs, prairies,...)

Les espaces broutées par les ovins sont des étendues vertes qui ouvrent l’espace et offrent à la vue une mosaïque d’éléments variés : herbe, haies, clôtures de bois, murets de pierre, points d’eau…

Les moutons sont élevés partout en France, soit en grands troupeaux de plusieurs centaines de brebis, soit en complément d’autres productions. Cette présence des ovins est très souvent justifiée par la nécessité d’utiliser les parcelles et les ressources fourragères les plus pauvres ou seulement valorisables en prairies. Ainsi 80% de la production ovine est réalisée dans des zones sèches, défavorisées ou encore de montagne et de haute montagne.

 

 

Le rôle des prairies

En 30 ans, les paysages français ont perdu 5 millions d’hectares de prairies, soit 30% de leur surface, principalement au profit de l’urbanisation, de la forêt ou de la friche. Or, bien gérées, les prairies ont un rôle écologique indispensable.

Elles constituent des filtres naturels contre les particules polluantes et sont des puits de carbone qui limitent les effets de gaz à effet de serre.

Pourquoi dit-on que les prairies sont des puits de carbone ? Par la photosynthèse, les végétaux, comme l’herbe utilisent le dioxyde de carbone, de l’air (CO2), l’eau et l’énergie solaire pour produire les glucides (qui forment les tissus végétaux) et de l’oxygène (02) qui part dans l’atmosphère. Quand les plantes meurent, la matière organique à base de carbone dont elles sont constituées s’accumulent dans le sol. C’est pourquoi, ont dit que les plantes « captent le CO2 de l’air » et « stockent du carbone ».

Les prairies, un réservoir d’espèces

On ne se rend pas toujours compte, en se promenant dans la nature, qu’un certain nombre d’oiseaux, d’insectes ou de fleurs qu’on observe ne seraient pas là sans les moutons !

En effet, les ovins en broutant créent des hauteurs d’herbe différentes qui sont autant d’habitats variés où peut se réfugier, se nourrir et se reproduire une grande diversité d’animaux : insectes, oiseaux, mammifères. Profitant des déjections des animaux qui enrichissent le sol, ces espaces constituent un environnement unique.

 


La biodiversité qu’est ce que c’est ?

La biodiversité est l’ensemble des espèces vivantes qui peuplent la planète : plantes, animaux, champignons, micro-organismes dans toutes leurs variations. Sa préservation est vitale car les organismes qui la constituent participent aux grands cycles écologiques de l’air, du sol et de l’eau.

 

 

Les prairies, ces filtres naturels pour l’eau

Les éleveurs sont les principaux gestionnaires des eaux de pluies, les prairies qu’ils utilisent étant les récepteurs les plus importants de la pluie tombant sur le territoire national. De plus, les concentrations en nitrate, phosphates et phytosanitaires sont faibles dans les régions herbagères. Les rejets des animaux, bien gérés et bien valorisés, constituent une richesse fertilisante et non polluante. Les terres d’élevage sont moins sensibles à l’érosion, et le couvert prairial ainsi que les haies permettent de limiter les pertes par ruissellement et par érosion, tout en filtrant les eaux qui pourraient être polluées.

 

 

Les prairies, ces capteurs de CO2

Les végétaux, comme l’herbe, par la photosynthèse, utilisent le dioxyde de carbone, de l’air (CO2), l’eau et l’énergie solaire pour produire les glucides (qui forment les tissus végétaux) et de l’oxygène (02) qui part dans l’atmosphère. Quand les plantes meurent, la matière organique à base de carbone dont elles sont constituées s’accumulent dans le sol. C’est pourquoi, ont dit que les plantes « captent le CO2 de l’air » et « stockent du carbone ». Elles limitent ainsi les effets des gaz à effet de serre et participent à la protection de notre planète.

 

Nos brebis, ces héros

Les troupeaux par la pratique du pâturage entretiennent le couvert végétal et aident ainsi à prévenir les incendies, les avalanches et les ruissellements ...

Dans les zones sèches de la France, les ovins contribuent à lutter contre les incendies en débroussaillant et en maintenant des étendues dégagées qui servent de pare-feu.

En montagne, les grandes pelouses d’herbe rase qui ont été broutées par les animaux l’été, retiennent le manteau neigeux en hiver et limitent le risque d’avalanches.

Dans les zones inondables, les prairies, ainsi que les talus et les haies qui les entourent, absorbent l’eau excédentaire en cas de crue, servant de zones tampons.

 


Les races ovines, une richesse de diversité

La France peut affirmer avec fierté avoir l’une des productions ovines les plus diversifiées en termes de régions et de types de production, avec près de 56 races répertoriées.

Chacune de ces races est adaptée à un système de production ou à un terroir spécifique. On distingue ainsi des races élevées pour leur production de lait, leur capacité bouchère, leur rusticité, leur capacité à s’adapter à des conditions de terrains ou de climats difficiles, la qualité de leur laine ...

Cette richesse permet aux brebis françaises d’être présentes sur tout le territoire et ainsi de participer activement à sa cohésion, même dans les zones les plus reculées.

 

 

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Published by patre - dans Réflexions agronomiques
5 juillet 2011 2 05 /07 /juillet /2011 05:44

La Nouvelle Zélande présente les coûts de production animale les plus bas du monde, en misant sur le pâturage. Une organisation du parcellaire remarquable permet de pâturer beaucoup et longtemps.

Postée à l’autre bout du monde, la Nouvelle Zélande est un paradis pour la production laitière. Ses 11 000 éleveurs produisent plus de 16 millions de tonnes de lait, soit les deux tiers de la production française. Cela représente seulement 2 % de la production mondiale mais les exportations laitières néo-zélandaises pèsent près de 40 % des échanges mondiaux (contre 27 % pour l’Europe).

Ce pays peu peuplé (3,8 millions d’habitants) exporte plus de 95 % de sa production sous forme de poudre grasse ou écrémée, de beurre, de fromage et de caséines. Son dynamisme épate la planète laitière. Ce pays a triplé sa production laitière en trente ans, l’a doublée en 20 ans, gagné 50 % au cours des 10 dernières années et annonce + 30 % dans les 10 ans qui viennent !

Cette formidable croissance et conquête des marchés mondiaux a été permise par un prix du lait, parmi les plus bas des pays développés, proche de 200 € les 1 000 litres sur les 10 dernières années.

Pour vivre avec un prix du lait aussi faible, les néozélandais misent sur une très forte efficience du travail (600 000 litres de lait par UTH) et des coûts de production très bas, les plus faibles du Monde occidental.

Ces objectifs ont pu être atteints grâce au pâturage. La production laitière est saisonnière, calée sur la croissance de l’herbe avec des vêlages groupés, positionnés en fin d’hiver Le pâturage représente ainsi de l’ordre de 90 % de la ration et les vaches pâturent quasiment toute l’année, à l’exception des journées de fortes pluies.

La production laitière par vache est faible avec seulement 3 900 litres et des lactations de l’ordre de 250 jours. Par contre, les chargements sont très élevés et atteignent désormais 2,8 vaches/ha, soit près de 11 000 litres à 4 % sur la surface fourragère dédiée aux vaches laitières !

 

Un parcellaire groupé autour de la salle de traite

Ce recours massif à l’herbe pâturée est permis par des conditions climatiques favorables à la croissance de l’herbe, des sols portants permettant de pâturer toute l’année et un parcellaire très bien organisé. En effet, les néozélandais ont su tirer profit de la structure du foncier.

La Nouvelle Zélande est un pays peu peuplé et n’a pas le même réseau routier, ni le mîtage urbain que l’on connaît en Europe. Par ailleurs, le mode de transmission consiste à céder l’exploitation dans sa globalité et préserve ainsi la structure parcellaire existante.

Dans ces conditions, le parcellaire est groupé autour de la salle de traite, qui est souvent l’unique équipement de l’exploitation laitière. Si le parcellaire est séparé par une route, le recours à un boviduc est la règle. A titre d’exemple, un tunnel de 12 mètres de long, 3,5 mètres de largeur et 2,2 mètres de hauteur coûte environ 30 000 €.

 

Des chemins larges favorisant la circulation des vaches

Ce parcellaire est irrigué par des larges chemins, favorisant le flux des vaches et permettant un retour au pâturage, sitôt la traite réalisée.

On distingue souvent des chemins principaux permettant le passage d’engins lourds et des chemins secondaires, seulement réservés aux animaux. Les angles des chemins sont arrondis afin de ne pas ralentir le flux des vaches. La largeur de ces chemins dépend de la taille des troupeaux, mais elle est de 5 mètres pour les troupeaux de moins de 120 vaches et de 5,5 m entre 120 et 250 vaches. Cette largeur est croissante à l’approche de la salle de traite. Une marche de 15 cm de hauteur est recommandée à la jonction entre le chemin et l’aire d’attente, afin de limiter le transfert de graviers du chemin sur l’aire bétonnée.

Après un décaissement de la terre végétale sur 15 cm, une couche de remblais et de pierres est appliquée, puis compactée à l’aide d’un rouleau compresseur.

Une couverture de graviers 75/100 mm est ensuite apposée, puis fortement compactée avec un rouleau compresseur. Il s’agit d’éviter les éléments abrasifs, favorisant les boiteries. Une couche de sable peut aussi être rajoutée.

Ces chemins sont convexes avec une pente de 3 à 5 % et bordés de fosses ou rigoles, de façon à favoriser l’évacuation de l’eau de pluie. Les chemins secondaires relèvent des mêmes principes mais sont appliqués à même le sol, afin de réduire les coûts. Le coût de ces chemins est compris entre 10 et 15 € par mètre linéaire.

Ces chemins sont régulièrement entretenus et refaits tous les 10-15 ans. Compte tenu de l’organisation du parcellaire, la densité de chemins est souvent comprise entre 20 et 30 m par hectare de prairie. Les accès aux parcelles sont au nombre de deux, afin de limiter les dégradations des parcelles en conditions humides.

 

Des parcelles d’une journée au printemps

La taille des parcelles est calée sur un temps de séjour au printemps d’une journée, voire d’une demi-journée pour les grands troupeaux.

Comme la rotation est de 20 jours au printemps, il y a de l’ordre de 20 à 30 parcelles, lorsque l’on intègre les parcelles fauchées après les pâturages de fin d’hiver et les parcelles réservées aux veaux.

Le temps de séjour augmente en été (2jours), automne (3 jours) et hiver (4-5 jours) au fur et à mesure de l’allongement des rotations et de l’évolution des besoins des vaches.

Dans ce cas, un fil avant est utilisé afin de fractionner les repas et un fil arrière peut être utilisé, en conditions humides de pâturage. Les parcelles sont de forme rectangulaire.

Il est recommandé que la longueur de la parcelle ne soit pas plus de 4 fois supérieure à la largeur. Lorsqu’il y a irrigation (comme dans le Canterbury – Ile du Sud), le parcellaire est organisé en étoile, autour des pivots.

De façon générale, l’entrée de la parcelle la plus éloignée est située au maximum à un kilomètre du bloc traite, ce qui fait une distance moyenne de l’ordre de 500 mètres.

 

Des clôtures de grande qualité et de l’eau partout

Les clôtures principales, comme celles bordant les chemins et le périmètre de l’exploitation, sont fixes avec des poteaux en bois.

Des soins particuliers sont appliqués aux piquets d’angle, enfoncés à une profondeur de l’ordre de 80 cm. Il y a 3 ou 4 rangées de fil électrifiées. Le fil est en acier, lisse de 2,5 mm de diamètre et tendu à l’aide de tendeurs.

Pour les clôtures  semi-permanentes, les piquets peuvent être en bois ou en fibre et les fils sont plus fins (1,6 mm de diamètre). Les accès  sont bouchés par des barrières ou un fil. On retrouve en permanence le souci du détail (comme un crochet pour poser le fil) dans la mise en œuvre de ces clôtures afin de ne pas perdre de temps lors des mouvements de troupeaux.

Cette parfaite organisation du parcellaire et des chemins permet aux vaches de regagner la parcelle sitôt la traite terminée.

L’éleveur n’a plus qu’à fermer la barrière, ce qui représente un gain appréciable de temps. Afin de limiter le travail, le réseau d’eau est fixe. Il est enterré (60 cm), de façon à être protégé des engins et du  gel. Le diamètre des tuyaux du réseau principal est de 40 mm et celui des tuyaux desservant les abreuvoirs de 32 mm. Il est recommandé d’avoir un abreuvoir par paddock.

En effet, les abreuvoirs disposés en-dessous des clôtures ne permettent d’utiliser qu’un tiers de la circonférence de chaque côté de la clôture. Cela favorise les vaches dominantes et tend à repousser les génisses.

Cette description illustre les modalités d’organisation des parcellaires actuellement mises en œuvre dans le contexte néozélandais, avec un foncier regroupé et un système herbager, sans rotations de prairies et cultures. Elle peut donner quelques idées pour optimiser l’organisation de nos parcellaires, afin de pâturer plus.


Voici deux exemples


Dans le sud-ouest de l'Angleterre

Alors que la filière laitière anglaise connaît des difficultés, les éleveurs herbagers du réseau d’échange «pasture to profit» (pâturer pour gagner) tirent leur épingle du jeu en s’inspirant des techniques de production néo-zélandaises.

En premier lieu, ils font le choix d’utiliser au maximum le facteur de production le moins cher, c’est-à-dire pour la production laitière les associations RGA et Trèfle blanc pâturées. Ils mettent ainsi en valeur leur principale richesse, une incroyable accessibilité pour le pâturage. Les charges de structure sont limitées. Les investissements doivent être rapidement rentables : une salle de traite de conception néo-zélandaise au milieu des pâtures et des aménagements pour faciliter le pâturage (chemins de qualité, clôtures conçues pour durer et abreuvoirs géants…).

Les exploitants ont très peu de bâtiment et de matériel en propriété. Ils sous-traitent les travaux des cultures à l’entreprise. Les vêlages sont groupés au début du printemps pour caler la production de lait sur la pousse de l’herbe et aussi pour tenir compte de leur principal facteur limitant, le manque de main d’œuvre disponible.

Enfin, et ce n’est pas le moindre de leurs objectifs, ils aspirent tous à une vie familiale et sociale épanouie avec un «job» qu’ils aiment et qu’ils n’envisagent que rentable.

 

Herbe pâturée

Les 5 élevages herbagers du Sud-Ouest de l’Angleterre bénéficient de conditions pédoclimatiques très favorables à la pousse de l’herbe, avec une bonne profondeur de sols et des pluies abondantes et bien réparties sur l’année. Le parcellaire issu des propriétés de la noblesse britannique permet une accessibilité importante, de 80 à 200 hectares parfaitement aménagés pour le pâturage. Les éleveurs veillent d’ailleurs à adapter parfaitement la taille troupeau au potentiel de pousse d’herbe de cette aire accessible.

La quantité de lait produite par l’exploitation est donc directement proportionnelle au potentiel et au mode de conduite des pâtures des vaches laitières. La surface pâturable n’est que de 24 ares par vache en système conventionnel, elle est doublée en système biologique. En complément du pâturage, les vaches reçoivent peu de fourrages stockés, essentiellement de l’ensilage d’herbe et du concentré. 

Comme il n’existe pas en Angleterre de recherche publique autour de la production laitière, les éleveurs se fédèrent autour de consultants privés pour échanger, progresser et disposer d’outils de suivi technique, en particulier autour de la conduite de l’herbe. A partir de mesures hebdomadaires de pousse de l’herbe et d’un logiciel de leur conception, ils connaissent parfaitement le stock d’herbe en place et à venir, ce qui facilite leurs prises de décisions au cours de la saison de pâturage. Ils n’hésitent pas à utiliser le «fil avant», en le déplaçant plusieurs fois dans la journée, à faucher l’herbe juste avant l’entrée des vaches… pour conserver une herbe pâturée de qualité toute l’année.

 

Des petites vaches fertiles

Les vêlages sont très groupés en sortie hiver pour profiter de la ressource fourragère. Les vêlages débutent entre le 6 février à la mi-mars, en fonction des zones, mais surtout ils sont un peu plus tardifs en production biologique. Les éleveurs anglais utilisent des critères de suivi de la fertilité inhabituels chez nous.

Par exemple, le « mid point calving » (nombre de jours pour que la moitié du troupeau ait vêlé) est en moyenne de 12 jours (de 9 à 17 jours suivant les élevages).

Les troupeaux comptent de 300 à 500 vaches, pourtant 70 à 100 % des vêlages ont lieu sur 6 semaines. Pour parvenir à ce niveau de résultats, les éleveurs ont recours à la génétique néo-zélandaise et au «métissage». Ils pratiquent des «croisements circulaires» : leurs plans d’accouplement utilisent 3 races fertiles et rustiques qu’ils choisissent parmi la Holstein néozélandaise, les rouges scandinaves, la montbéliarde, la jersiaise...

 

Une conduite groupée

L’insémina ion artificielle est utilisée sur les meilleures vaches pour assurer le renouvellement, les autres saillies sont assurées par 2 bandes de taureaux, en alternance 1 jour sur 2 pendant la période de reproduction. Les niveaux de production sont compris entre 3 100 et 6 250 litres par vache et par an, ils dépendent  de la durée de la mono-traite.

Toutefois, vu le niveau de chargement, ils produisent environ 13 000 litres de lait par hectare de surface fourragère en système conventionnel et de 5 000 à 7 000 litres en système biologique. Cet exceptionnel effort de groupage porte ses fruits sur l’organisation du travail. Car, même si des pointes de travail sont indéniables autour de la surveillance des vêlages et de l’élevage des veaux, les temps de travaux sont contenus : de 9 à 30 heures par vache et par an.

Cette conduite groupée permet de bénéficier durant toute la saison de vaches dans les mêmes conditions physiologiques, de simplifier l’élevage des génisses de renouvellement, d’adopter des conduites en bande, de délocaliser les vaches taries sur des zones portantes en hiver et d’arrêter la traite pour quelques semaines de tarissement quand les conditions climatiques sont les plus difficiles.

Les salles de traite de conception néo-zélandaise, la mono-traite sur tout ou partie de l’année, la simplification de l’hygiène de traite, des aires d’attente circulaires, la contention adaptée, permettent également de gagner du temps.

Au final, les objectifs de rentabilité sont atteints. La production laitière leur permet d’avoir des revenus confortables et d’investir en dehors de l’agriculture. Le «comparable farm profit», l’équivalent de notre Excédent Brut d’Exploitation est de l’ordre de 110 € pour 1 000 litres en système conventionnel et le double en système bio, du fait de la plus value sur le lait et la réduction drastique des charges opérationnelles.

 

Un autre exemple en France en Elevage Ovin

Le GAEC de FARGUES dans le Lot est passé à un système "tout pâturage" sur le modèle néo-zélandais

 

Fiche du GAEC de FARGUES

♦ Exploitation située à Cabrerets dans le Lot, à 240 mètres d’altitude. Situation de causse avec sols argilo-calcaires caillouteux et superficiels. Conditions très séchantes en été (pluviométrie annuelle de 650 à 700 mm).
♦ Gaec de trois UTH.
♦ Production : ovin viande et cheptel de 1 500 brebis mères.
♦ Débouché : agneau du Quercy et sélection des agnelles de reproduction.
♦ SAU de 160 hectares de prairies artificielles.

 

Stockage de l’alimentation des animaux, entretien des bâtiments d’élevage, matériels pour ensiler, conditionner la paille et le foin, gérer les effluents d’élevage… Autant de postes onéreux et impactant fortement les coûts de production pour l’exploitation ovine du Gaec Fargues.

Pour alléger ces postes, les éleveurs ont entièrement repensé leur système et sont passés d’une conduite conventionnelle à une gestion tournée quasi exclusivement vers le pâturage, avec des animaux en extérieur toute l’année. Ce bouleversement a reposé sur une modification de l’implantation des prairies artificielles, l’introduction des légumineuses et un système de clôtures innovant qui offre une grande réactivité.

Pour André Delpech, comme pour d’autres éleveurs ovins, le constat était clair et semblait sans appel : les coûts de production de l’atelier ovin se révélaient supérieurs au prix de vente des animaux… Présenté comme une fatalité par nombre de ses interlocuteurs, l’éleveur ne s’est pourtant pas résolu à cet état de fait et a cherché activement des solutions. Le déclic proviendra d’un stage de trois mois et demi effectué en Nouvelle-Zélande en 1998, et qui convaincra A. Delpech que des alternatives sont possibles.

« Je m’étais rendu là-bas pour voir comment les éleveurs géraient le troupeau en hiver, période à laquelle les animaux vivent sur les stocks fourragers chez les éleveurs français. J’avais en effet identifié dans ma conduite d’alors, plusieurs postes gourmands en charges dans ma comptabilité, notamment les chaînes de mécanisation pour réaliser le stock fourrager (ensilage, foins), ainsi que toutes les dépenses liées à la tenue des animaux en bâtiment : paille, gestion des effluents… Pour parvenir à réduire mes coûts de production, il fallait que je réussisse à changer le mode de conduite du troupeau. »

Le système Néo-zélandais s’appuie exclusivement sur le pâturage, avec des animaux dehors toute l’année, même pour les agnelages. Pas de stock fourrager coûteux à réaliser, les animaux se nourrissent eux-mêmes au pré. La clef du système repose sur un découpage adéquat des parcelles d’herbe qui permet d’obtenir un chargement instantané maximum.

La méthode « fil avant et fil arrière* » qui y est appliquée consiste en outre à faire progresser les animaux dans la pâture de manière régulière, pour éviter un surpâturage et un piétinement excessif qui abîmeraient la prairie.

« Les animaux restent un à deux jours dans leur « cellule de pâturage », puis passent à une autre. Cette méthode est issue d’études réalisées au siècle dernier par un chercheur et ingénieur agronome français, André Voisin. Celui-ci avait constaté que la pousse de l’herbe était défavorisée dès lors que les animaux la coupaient à plusieurs reprises, et que la productivité était au contraire améliorée par un pâturage bref, qui laissait ensuite à l’herbe le temps de repousser »  

Autre point d’importance sur lequel s’appuie le système néo-zélandais : l’introduction de légumineuses dans les prairies (trèfle blanc essentiellement), source de protéines indispensables pour s’affranchir des tourteaux de soja. Fort de toutes ces données, A. Delpech, de retour sur son exploitation, étudie et expérimente la faisabilité de ces méthodes et les moyens de les transposer chez lui.

 

Trouver un mélange d’espèces adapté aux causses séchant du Quercy

Pour parvenir à appliquer chez lui le système néo-zélandais, l’éleveur doit commencer par modifier son assolement qui était auparavant constitué de 20 hectares d’orge autoconsommée et de 140 hectares de prairies destinées au stock fourrager, pour le passer entièrement en prairies à pâturer. Contrainte de taille liée au terroir, les sols de Causse sur lesquels est sise l’exploitation sont superficiels (20 à 30 centimètres), très caillouteux, filtrants et très séchant, ce qui ne permet pas à une prairie naturelle de s’installer et complexifie le choix des espèces en prairie artificielle.

A. Delpech initie alors une batterie d’essais pour trouver quelles variétés de RGA et trèfle blanc sont les mieux adaptées à sa situation sur le modèle néo-zélandais.

« Mes critères de choix ont reposé sur des espèces rustiques capables de résister à la sécheresse en été, afin de ne pas être obligé de ressemer tous les ans. Celles-ci doivent en outre montrer leur aptitude à produire suffisamment de biomasse en hiver pour la pâture. Et contrairement aux idées reçues, c’est le ray-grass anglais qui est sorti du lot face au ray-grass italien, fétuque et dactyle. »

L’éleveur observe que certaines variétés de ray-grass anglais se mettent « en dormance » lorsque les conditions estivales sont trop sèches, mais ne meurent pas. Et, question productivité hivernale, le ray-grass anglais se montre aussi performant que le ray-grass italien.

Côté légumineuses, l’éleveur utilise le trèfle blanc, sur le modèle néozélandais, ainsi que le lotier dans les zones les plus sèches.

« Le trèfle blanc participe à une bonne croissance des agneaux, et me permet de réduire la fertilisation azotée (50 à 60 unités d’azote apportées en deux fois). Il s’adapte en outre très bien aux conditions sèches. Dans les parcelles les plus arides, j’utilise toutefois le lotier, qui est encore plus résistant, ainsi que du dactyle et de la fétuque en plus du ray-grass anglais, pour les mêmes raisons. Le mélange ray-grass anglais/trèfle blanc se montre très appètent pour les animaux et particulièrement adapté pour la période de lactation en raison notamment de sa richesse en protéines. »

L’éleveur se penche de près sur les mélanges multi-espèces qu’il teste activement dans ses essais.

« Les Suisses étudient des mélanges à plus de dix espèces. Ce procédé permet d’avoir une bonne couverture partout car les nombreuses espèces du mélange tamponnent l’hétérogénéité parcellaire. Il offre aussi une complémentarité de production toute l’année ainsi que dans le temps, avec d’abord une prédominance du RGA et de la fétuque, puis du dactyle. Mes prairies ont une durée de vie actuelle de 5 à 6 ans, mais j’espère ainsi les faire durer davantage. »

A. Delpech cherche à complexifier ses mélanges pour obtenir une couverture de sol homogène malgré les hétérogénéités de parcelle et obtenir une valeur alimentaire plus stable. Des essais sont en cours pour introduire de la chicorée, une espèce qui semble prometteuse en raison de sa productivité importante en hiver et de sa bonne résistance à la sécheresse en été, le tout combiné à une valeur alimentaire intéressante.

Dans les zones les plus difficiles, il implante actuellement un mélange de 25 kg de RGA, 15 kg de fétuque, 10 kg de dactyle, 3 kg de trèfle blanc et 4 à 5 kg de lotier. A. Delpech utilise essentiellement la variété de RGA Aubisque mais continue à tester de nouvelles variétés. Une variété marocaine semble notamment se montrer prometteuse. L’éleveur teste en effet des variétés utilisées dans le sud (Espagne notamment), pour répondre à ses critères de résistance à la sécheresse estivale. 

 

Un semis en deux passages

A. Delpech sème ses prairies en deux étapes, d’abord les graminées avec un semoir de semis direct hollandais, le Vredo, qui permet de semer avec un écartement de 7,5 cm, ou bien avec son semoir à céréales en recroisant le semis à la perpendiculaire, puis dans les deux cas, il sème ensuite le trèfle blanc à la volée.

« Pour les graminées, l’idéal à mon avis serait d’utiliser un semoir à gazon qui permet un écartement de 5 cm, mais qui n’est malheureusement pas compatible avec mes sols caillouteux. Je n’utilise en outre le semoir de semis direct que pour 4 à 5 hectares de ma surface, mais beaucoup plus pour des opérations de sur-semis. Je ne réserve en effet son usage qu’aux zones les moins caillouteuses car j’observe sinon des problèmes de levées, que je n’ai pas avec une gestion plus conventionnelle «cultivateur-vibroculteur-casseuse de pierres-rouleau-semoir à céréales-rouleau». Avec le Vredo, j’interviens directement après destruction chimique de la prairie, pour un semis d’automne ou bien de printemps. Dans le cas du sur-semis, je cherche à étoffer des prairies qui se sont éclaircies après l’été notamment. J’interviens alors sans désherbage préalable. Pour augmenter les chances de réussite de ces semis en direct, je sélectionne dans mes essais des variétés de RGA qui montrent une bonne vigueur à la levée, en plus de mes autres critères. »

 Selon l’éleveur, le semoir à céréales se montre peu adapté au semis de prairies, car le large écartement entre rangs  génère par la suite des problèmes de concurrence avec les adventices.

« C’est pourquoi je sème en croisé avec ce dernier, pour bénéficier d’une bonne couverture du sol, qui offre également une meilleure résistance au pâturage et limite l’impact du piétinement. »

Il a opté pour un semis à la volée du trèfle avec un semoir centrifuge utilisé normalement pour épandre l’anti-limace, et placé sur le quad. Ce mode de semis lui permet de limiter la concurrence avec la graminée sur la même ligne de semis, et aussi de semer en surface ces graines de très petite taille. Le bon contact avec la terre est ensuite permis par un passage de rouleau.

« Je vais tester prochainement un semoir autrichien distribué par Agram. Le semoir centrifuge se montre en effet trop peu précis dans son réglage d’ouverture pour semer les graines fines et légères de graminées. J’espère parvenir à semer ensemble à la volée les graminées et les légumineuses grâce à ce semoir. J’espère ainsi obtenir une meilleure couverture du sol qu’avec le semis en ligne. Une meilleure répartition des graines offrira à mon avis une meilleure résistance à la sécheresse et un meilleur accès des plantes à la lumière. Une bonne couverture renforce en outre la résistance au piétinement.»

 Le pâturage est à nouveau possible de 60 à 80 jours après le semis. Toutefois, lors des opérations de sur-semis,  l’éleveur réduit cette durée de pousse en raison de la concurrence entre les jeunes plantules et la prairie installée.

« Je juge la période de réintroduction des animaux à l’œil selon l’état de la prairie. Je fais alors légèrement pâturer pour ne rien abîmer. Cette méthode s’avère précise et délicate ».

 

Des résultats probants

La mise en place de ce nouveau système fondé sur le pâturage a permis au Gaec d’élever le nombre d’animaux du cheptel de 750 à 1 500 brebis mères (quand en parallèle la SAU n’augmentait que de 10 hectares), et d’intégrer l’épouse de A. Delpech au Gaec, en plus d’André et de son frère Francis.

« Pour une surface quasi identique, nous pouvons nourrir le double de brebis car nous avons optimisé notre chargement et la productivité de la prairie grâce à cette méthode de pâturage. Nous avons même pu diminuer nos intrants, avec notamment une réduction d’un tiers des engrais. Les trois quarts du troupeau restent dehors, et l’augmentation du cheptel n’a ainsi pas nécessité d’agrandir les bâtiments. Ne sont mis à l’intérieur que les agnelles achetées en janvier et qui ne sont jamais sorties, ainsi que les agneaux mâles destinés à la vente pour achever plus rapidement leur croissance lors des périodes où l’herbe est moins productive. Au printemps, ce sont mille brebis qui agnellent dehors, une gestion qui aurait été impossible pour un tel nombre à l’intérieur.Le coût de la ration alimentaire est quant à lui quatre fois moins élevé au pâturage qu’en bergerie. Et la quantité de fourrage stocké a été divisée par deux »,

Autre constat, la portance des sols qui s’est améliorée avec l’introduction d’espèces sélectionnées pour la pâture, le RGA et le trèfle blanc, mais aussi par le mode de conduite du pâturage. Le sur-piétinement néfaste est en effet évité, notamment lors des journées humides durant lesquelles l’éleveur change les animaux de cellule tous les jours.

Au final, les modifications sur l’exploitation auront été radicales : intégration des légumineuses sur l’ensemble de la surface, totalité de la SAU passée en prairies, redécoupage de la surface pour l’adapter au pâturage (zones d’abris, parcours, système de clôtures amovibles, alimentation des parcelles pâturées par un réseau d’eau…).

Mais l’éleveur a engagé progressivement ce bouleversement, en conduisant des essais puis en testant la faisabilité du système durant un an sur un lot de 150 brebis. Il poursuit à présent ses expérimentations pour renforcer le nombre  d’espèces dans ses mélanges, notamment avec l’introduction de chicorée et plantain, sur les critères de productivité hivernale et résistance à la sécheresse en été. Ces espèces se montrent déjà prometteuses.

« Notre métier n’est pas constitué de recettes toutes faites, et nous devons sans cesse expérimenter pour progresser », conclut A. Delpech.

 

*Un système de clôtures innovant et réactif

Le système appliqué chez André Delpech repose sur une méthode de pâturage dite « fil avant-fil arrière » : des parcs ou cellules de pâturage de 30 à 50 ares sont constitués et destinés à accueillir 200 à 300 brebis durant deux jours, afin d’obtenir un chargement optimum pour la quantité d’herbe à consommer. Les brebis avancent ensuite jusqu’à la cellule suivante. Ce système nécessite un système performant de clôtures fixes et mobiles pour limiter le temps de main-d’œuvre. L’exploitation comprend ainsi 30 kilomètres de clôtures qui sont posées et enlevées extrêmement rapidement grâce à un dispositif spécifique (Spider de chez Kiwitech) placé sur le quad. L’élasticité du fil et le matériau fibre de verre utilisé pour les piquets permettent en outre de rouler dessus avec le tracteur pour éviter de longues manipulations d’ouverture et de fermeture. Les cellules de pâturage peuvent ainsi être considérées comme une seule et même parcelle, ce qui simplifie notamment les apports d’azote. Du temps de travail est gagné sur plusieurs tableaux grâce à ce système combiné à la technique de pâturage : en moins de dix minutes, 300 mètres de clôture triple fil sont posés ! Et si les manipulations de clôtures sont plus régulières, elles sont néanmoins mises à profit pour surveiller les animaux. Gain de temps également avec un nombre réduit d’animaux à nourrir en bâtiment, moins d’effluents d’élevage à gérer…

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Published by patre - dans Réflexions agronomiques
2 juillet 2011 6 02 /07 /juillet /2011 06:20

Encore une fois, le débat entourant la longueur de l'ablation de la queue des ovins refait surface. La queue a de nombreuses fonctions; la queue à sa pleine longueur chez la brebis protégera le pis contre le froid. Une Scottish Blackface sur la colline conserve toute sa queue, car le berger sait que dans des conditions extrêmes où la brebis élèvera son agneau, le pis nécessite une protection contre le froid et une mammite possible. Très souvent, lorsqu'un ovin défèque, il secouera la queue pour répandre les excréments.

Cependant, qu'arrive-t-il si la queue est laissée longue dans nos pâturages luxuriants? Les selles molles s'amassent sous la queue, y faisant un lieu idéal pour la myiase. Les mouches déposent leurs œufs dans la masse fécale et autour de celle-ci, les œufs éclosant en asticots qui attaqueront la chair sous la queue, et qui entreront même dans le rectum et le vagin. Un agneau avec la myiase n'est pas beau à voir, et il mourra très probablement.

Toutefois, le fait d'enlever complètement la queue pour empêcher la myiase présente aussi des problèmes. Certes, certains prolapsus du rectum peuvent être d'origine génétique, mais un grand nombre sont le résultat de cette ablation de la queue. Le problème réside dans l'anatomie de la région; l'anus et la vulve sont maintenus fermés par les muscles sphincters, muscles circulaires autour de ces orifices, qui se relâchent pour laisser passer les selles et l'urine. Pour être puissant, tout muscle doit être fixé à un os du squelette; ces muscles ont deux insertions à la face inférieure des os de la queue. Une s'étend vers l'avant, et l'autre vers l'arrière le long de la queue. Lorsque la queue est coupée courte, l'insertion du muscle arrière est enlevée, ce qui affaiblit ces muscles.

La faiblesse peut ne pas être apparente immédiatement, mais très souvent un ovin sans queue retournera le rectum au moment d'expulser des selles. Éventuellement, le rectum ne reviendra pas complètement à sa position normale, ce qui mènera au prolapsus. À la fin des années 1980, la mode était aux ovins sans queue, et il y avait un problème significatif avec les agneaux en prolapsus dans la station d'essais. Lorsque les queues étaient laissées plus longues, le problème disparaissait.

Chaque année au moment de l'agnelage, il y a des questions sur les brebis en prolapsus durant le dernier mois de gestation. Dans de nombreux cas, un facteur contribuant est une ablation courte et la perte de la moitié de l'insertion du muscle. Dans le dernier mois de gestation, les muscles du bassin, incluant le muscle de retenue du vagin et le muscle sphincter de la vulve, relâchent sous l'influence du changement hormonal en préparation de l'agnelage. Un muscle de la vulve déjà faible est affaibli davantage par ces changements hormonaux; le résultat est un prolapsus du vagin. Naturellement, les prolapsus se produiront chez les brebis ayant des queues plus longues en raison d'autres facteurs, tels qu'une carence en sélénium à ce stade de la gestation.

Chaque méthode de caudectomie, soit l'anneau de caoutchouc, le couteau, la méthode Burdizzo accompagnée du couteau, produira les mêmes résultats si elle est effectuée correctement et avec soin. En ce moment, la région recommandée est au bout du filet au-dessous de la queue. Comme cela peut laisser une queue trop courte chez la brebis adulte, on travaille actuellement à la détermination de l'emplacement adéquat.

La recommandation du code de pratique d'amputer la queue à la lèvre inférieure de la vulve chez les agnelles, et sous le rectum chez le bélier est un compromis entre aucune caudectomie, avec le risque de myiase, et une caudectomie complète avec la possibilité d'un prolapsus rectal et/ou vaginal. Cette recommandation a été acceptée par le comité qui se compose de producteurs, de vétérinaires et de membres de la société de protection des animaux, et qui reçoit des commentaires des associations d'ovins provinciales. Ce compromis abordait aussi les préoccupations du mouvement de protection des animaux à l'effet que la caudectomie était une mutilation non nécessaire. La question demeure donc, pourquoi continuer à amputer la queue de façon très courte ou à enlever complètement la queue lorsque la longueur de compromis satisfait aux besoins sanitaires de l'ovin ?

PHOTO-QUEUE-AGNELLE.jpg

Malheureusement, les agnelles boulonnaises que je viens d’acheter ont subi une condectomie complète de la queue, car l’éleveur-sélectionneur où je les ai acheté n’aime pas les moutons avec des queues. J’espère que son ignorance n’aura pas de conséquences dans le futur. De plus, la queue sert de réserve de graisse pour l’hiver. Il est donc impératif de raisonner la caudectomie.

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Published by patre - dans Réflexions agronomiques
2 juillet 2011 6 02 /07 /juillet /2011 05:31

Comment se produit l'empoisonnement chronique au cuivre (ECC) ?

Les ovins sont les animaux domestiques les plus prédisposés à l'ECC. Ils absorbent le cuivre du régime en fonction de la quantité de cuivre offerte et non en fonction des besoins du corps comme c'est le cas de l'absorption d'autres minéraux. Tout cuivre supplémentaire absorbé est entreposé dans les cellules du foie, atteignant éventuellement des niveaux toxiques. Un taux dans le foie excédant 500 ppm, poids sec, est généralement considéré toxique. Cet entreposage dans le foie peut prendre des mois ou même des années avant d'atteindre un niveau toxique. L'élimination du cuivre du corps par les reins est lente.

Même dans ce cas, un stress est nécessaire pour libérer du cuivre. Ce stress peut être le climat, une mauvaise nutrition, le transport ou la manipulation. Les cellules du foie se rompent, libérant le cuivre dans le courant sanguin. Il y a des propositions à l'effet qu'un excès de cuivre dans le foie peut causer la mort et la rupture des cellules du foie. Une fois que le cuivre est dans le courant sanguin en concentration suffisante, il cause l'hémolyse, une lyse des globules rouges. Jusqu'à 60% des globules rouges circulant dans le sang peuvent être endommagés. Leur hémoglobine est libérée dans le sérum pour être convertie en méthémoglobine, une forme de l'hémoglobine qui ne peut transporter l'oxygène aux tissus. À ce point, un ovin est anémique, a des muqueuses très pâles et fait preuve de léthargie. Les membranes visibles jaunissent rapidement alors que la jaunisse (ictère) se répand dans tout le corps. À l'autopsie, tous les tissus d'un ovin victime d'un ECC sont de couleur jaune pâle à jaune foncé. Les reins sont très foncés, et l'urine a une couleur sanglante. Si l'hémolyse est massive, l'ovin peut mourir sans montrer aucun signe de jaunisse.

 

Une fois le diagnostic confirmé, la question est la suivante « comment cela s'est-il produit »?

Souvent par erreur, du cuivre supplémentaire a été ajouté aux aliments au moment du mélange; les agneaux orphelins ont reçu une alimentation complémentaire pour veaux qui contenait du cuivre.

Il y a aussi des sources moins évidentes.

Un cas récent s'est produit par le partage d'un mélange de minéraux personnalisé dans deux exploitations. Ce minéral avait été enrichi avec du cuivre en raison d'un diagnostic d'ataxie enzootique, une carence en cuivre, chez les agneaux néonates de l'exploitation d'origine. Un voisin a pensé qu'un tel mélange aiderait son troupeau et a décidé de commander le même mélange du moulin. Heureusement, le conseiller en production ovine a aperçu la mention de cuivre supplémentaire sur « l'étiquette » du sac de minéraux et a fait retirer le mélange de minéraux avant que tout symptôme n'apparaisse. Comme le cuivre entreposé dans le foie doit être éliminé, les granules de concentré contiennent maintenant du molybdène supplémentaire pour ralentir l'absorption du cuivre en provenance de l'intestin et permettre l'élimination du corps de l'excès de cuivre.

L'absorption du cuivre à partir des herbages consiste en une interaction complexe entre le cuivre, le molybdène, le sulfate, possiblement d'autres minéraux et les plantes fourragères elles-mêmes. La teneur en cuivre normale dans une plante est de 10-20 ppm, poids sec. Si la teneur en molybdène est supérieure à 1 ppm, le cuivre n'est pas absorbé à des niveaux toxiques. Une teneur élevée en sulfate dans le sol réduit la disponibilité du molybdène en le liant comme sulfate de molybdène. Dans un cas récent où le diagnostic était l'ECC, la teneur en cuivre dans les herbages était de 8 ppm, mais celle en molybdène était seulement de 0,5 ppm. Les jeunes plantes en croissance ont tendance à avoir une teneur en molybdène moindre que les plantes adultes.

Dans un cas signalé, la source de la teneur élevée en cuivre dans les herbages a été retracée à l'épandage de fumier de porc pour fertiliser un pâturage d'ovins. Le lisier de porc contenait 85 ppm de cuivre, provenant des taux de cuivre alimentaire normaux dans les aliments pour les porcs. Le sol et les herbages avaient tous les deux une teneur élevée en cuivre, ce qui a mené à la mort inexpliquée d'un certain nombre de brebis au cours des sept années où ce lisier a été utilisé.

 

Que devriez-vous faire si vous soupçonnez un empoisonnement chronique au cuivre?

Premièrement, faire confirmer votre diagnostic par votre vétérinaire ou laboratoire de diagnostic local. Chercher toutes les sources évidentes de cuivre. Analyser la teneur en cuivre dans tous les aliments préparés; se demander si une erreur dans l'alimentation a été commise, particulièrement dans une exploitation mixte d'ovins et de bovins. Faire vérifier la teneur en cuivre et en molybdène dans vos plantes et foins de pâture. Essayer d'éviter l'épandage de fumier de porc sur le foin ou les lieux de pâture d'ovins.

Normalement, seulement quelques animaux meurent, mais les survivants nécessitent un traitement immédiat. Le fait de leur donner du molybdène pendant une période prolongée freinera l'absorption du cuivre en provenance des intestins et permettra la lente élimination du cuivre entreposé dans le corps. Votre vétérinaire pourra vous conseiller quant à la dose et au traitement préférable pour votre troupeau. Le nombre de globules rouges revient rapidement à la normale dès que de nouvelles cellules sont produites dans la moelle osseuse.

Trouver la source du cuivre dans un cas d'ECC peut souvent représenter une investigation très décourageante et prolongée. Obtenir un diagnostic précis et commencer le traitement sont les premières tâches à effectuer. Une fois que les ovins reçoivent le molybdène supplémentaire, ils sont protégés contre une absorption excessive de cuivre, alors vous pouvez chercher la source.

 

En viticulture, arboriculture, et maraîchage biologique ou biodynamique, de plus en plus de producteurs souhaitent faire pâturer des moutons en hiver dans les parcelles afin d’entretenir le couvert végétal et d’assurer une fertilisation naturelle grâce aux déjections des moutons. Mais voilà, une des problématiques en « bio », c’est l’utilisation importante de cuivre métal/ha/an liées à la gestion de pressions de maladies cryptogamiques. Hors le cuivre reste dans le sol et se retrouvent en forte dose dans le couvert végétal. Dans ce cas, faire pâturer des ovins se révèle très dangereux pour leur intégrité physique.

Il y a quelques années, il avait été placé une troupe de moutons sur d’anciens coteaux viticoles et arboricoles afin d’entretenir écologiquement ces coteaux classés Natura2000. Mais voilà, après le passage des brebis sur ces coteaux, plusieurs brebis montrèrent des troubles physiques qui pour beaucoup ont entrainé la mort. Après autopsies, le diagnostic révéla une forte intoxication au cuivre. L’analyse du sol et des végétaux sur les coteaux confirma le diagnostic.

Il est donc primordial de connaître l’historique de la parcelle, son taux de cuivre métal…  avant d’y introduire des moutons afin d’éviter une catastrophe.

 

 


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Published by patre - dans Réflexions agronomiques
2 juillet 2011 6 02 /07 /juillet /2011 04:58

Les moutons sont des animaux ruminants, ce qui leur permet de consommer et d'utiliser le fourrage grossier ou des aliments hautement fibreux.

Les animaux dotés d'estomac simple (cochons ou chiens) sont incapables de digérer entièrement les plantes fibreuses comme le foin.

Par contre, l'animal ruminant peut digérer des glucides plus complexes, comme la cellulose qui est le composant principal de la fibre du foin.

Les microbes qui vivent dans la panse du mouton peuvent transformer la fibre et mettre l'énergie, la protéine et les autres constituants de la plante à la disposition du mouton. Il est très important de maintenir la flore microbienne dans la panse à un niveau qui assure la transformation efficace du fourrage grossier consommé par le mouton. De plus, la protéine absorbée par le mouton est en grande partie sous forme de protéine microbienne. Par conséquent, la flore microbienne est continuellement remplacée dans la panse. La proportion de foin par rapport au grain influencera la croissance des microbes dans la panse et la capacité de la flore microbienne à transformer la fibre et fournir la protéine microbienne à la brebis.

De grandes quantités de salive sont sécrétées quand la brebis mange du foin. Cette salive est basique (pH haut) et crée un milieu dans la panse qui favorise la croissance de la flore microbienne qui digèrera la fibre du foin. La salive agit aussi comme tampon pour contrôler le pH dans la panse et l'empêcher de descendre trop bas. Quand le pH de la panse devient acide, les microbes nécessaires à la bonne digestion du fourrage sont tués. Si le pH de la panse descend trop bas, la brebis devient malade et souffre d'acidose, communément appelée surcharge de la panse ou surcharge par le grain.

Quand la brebis mange du grain, il se crée dans la panse un milieu acide (pH bas). Une acidose ou une surcharge par le grain peut se produire si trop de grain est donné en même temps ou si le grain arrive dans une panse qui n'a pas été tamponnée par la salive de la brebis. Quand de grandes quantités de grain sont données à manger à la brebis, il importe que la panse soit bien tamponnée.

Plus d'une livre par ration constitue une grande quantité de grain. On peut adéquatement tamponner la panse en donnant à manger à la brebis une partie de la quantité totale de foin avant de lui donner du grain. Je suggère que les brebis consomment du foin pendant environ 30 à 45 minutes avant de recevoir du grain. On peut éviter une baisse du pH dans la panse en permettant à la brebis de manger du foin avant le grain. En donnant d'abord du foin, la transformation du fourrage dans la panse est plus efficace parce que le pH est maintenu à un niveau adéquat pour promouvoir la régénération de la flore microbienne. Les glucides contenus dans le grain fournissent l'énergie nécessaire à la régénération microbienne.

En améliorant la transformation de la fibre, on peut augmenter l'ingestion totale de matières sèches (IMS). Quand l'IMS augmente, il en va de même pour les protéines brutes et les MDT (énergie). Cette augmentation des nutriments entraîne une plus grande production. Cet accroissement de la production joue un rôle important à la fin de la gestation et durant la lactation. L'amélioration de l'IMS en fin de gestation aide à prévenir la toxémie de gestation et réduire le nombre d'agneaux mort-nés. Si l'IMS peut être augmentée durant la lactation, la production de lait s'intensifie, ce qui se traduit par un meilleur poids de l'agneau à 50 jours. Il est aussi plus facile de maintenir la forme physique durant la lactation; ceci peut améliorer les taux de conception des brebis soumises à un programme d'agnelage accéléré parce qu'il faut moins de temps pour amener la brebis en condition d'accouplement après le sevrage.

Le fait de donner d'abord du foin crée dans la panse un milieu qui favorise une bonne croissance microbienne, améliore la transformation de la fibre, augmente l'ingestion de matières sèches et réduit le risque de surcharge par le grain. La consommation d'une plus grande quantité de nutriments par la brebis améliorera la production d'agneau, de laine...

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Published by patre - dans Réflexions agronomiques
26 juin 2011 7 26 /06 /juin /2011 07:05

Dans un contexte de pénurie de paille, la question n’est pas de déterminer quel est le meilleur matériau de litière, car c’est à l’évidence la paille de céréales, mais plutôt de définir les conditions dans lesquelles d’autres produits seraient utilisables sans trop de risques. Il faut donc envisager la combinaison des matériaux avec les principaux modes de logement, et ceci pour les diverses catégories d’animaux. Le tableau 1 présente les possibilités d’utilisation de ces matériaux.

Tableau 1 : Appréciation des possibilités d’utilisation de divers matériaux de litière

tabl-comp-pail.jpg

 

Quelques règles de base 

Disposer d’un matériau de litière bien sec, non contaminé, non moisi, le plus absorbant possible Le matériau de litière doit être bien sec. Quel que soit le produit considéré dans le tableau 1, le risque principal provient de mauvaises conditions de conservation du matériau de litière. Tout produit qui n’aurait pas été stocké à l’abri de la pluie sera très certainement contaminé par des moisissures et/ou des bactéries qui pourront être source de problèmes pathologiques pour le troupeau.

 

Adapter ses pratiques

Dans la plupart des cas, l’éleveur devra adapter ses pratiques pour compenser un risque plus élevé de souillure de l’animal et donc de contamination. Réduire la quantité de déjections sur le couchage s’avére indispensable et constitue le facteur clé de la réussite d’une nouvelle litière.

Tous les produits à fine granulométrie (sciure, déchets de papier …) peuvent adhérer assez facilement à l’épiderme de l’animal, en particulier sur la mamelle. Cela peut rendre indispensable des pratiques de nettoyage plus approfondi de la mamelle lors de la préparation à la traite.

De même, il est recommandé de laisser, si possible, plus de surface par animal, afin d’économiser de la litière, en réduisant par exemple, la taille des lots.

 

Ajuster les quantités de litière

L’évaluation précise des quantités nécessaires en litière pour des matériaux de substitution n’a jamais vraiment été faite, mais on peut considérer que la consommation exprimée en masse est inférieure ou égale à la quantité de paille habituellement nécessaire (voir tableau 2).

Il semblerait qu’on soit relativement proche de la quantité de paille lorsqu’on utilise des copeaux "en brins longs" issus d’un véritable rabotage et dont le comportement mécanique est assez proche de celui d’une paille en brins longs à moyens. La sciure dont le pouvoir absorbant de l’humidité est meilleur doit pouvoir permettre une économie exprimée en poids, et visuellement la quantité paraît nettement inférieure. Dans tous les cas, ces produits ne sont envisageables que s’ils sont bien secs.

Tableau 2 : Rappel des quantités de paille nécessaires en litière pour les principales catégories animales (par animal et par jour)

Vache allaitante + veau

Aire paillée intégrale : 8 à 12 kg

Aire paillée + raclage : 5 à 8 kg

Pente paillée : 3 à 5 kg

Logettes : 3 à 4 kg (fumier) - 0 à 1,5 kg (lisier)

Vache laitière en production

Aire paillée intégrale : 10 à 12 kg

Aire paillée + raclage : 7 à 8 kg

Logettes : 3 à 4 kg (fumier) - 0 à 1,5 kg (lisier)

Jeune bovin à l’engraissement

Aire paillée intégrale : 5 à 8 kg (selon l’âge et le poids des animaux)

Pente paillée : 3 à 5 kg

Petits ruminants

Chèvres/brebis adultes : 2 kg par jour

Chevrettes/agnelles : 1 kg par jour

soit plus de 700 kg par animal pour les élevages en zéro pâturage

 

Des outils pour "piloter" une litière

Le suivi de l’évolution de la température des litières est une technique efficace pour bien gérer une litière, notamment en permettant d’optimiser les dates et fréquences de curage. Cette pratique est aujourd’hui peu répandue dans les élevages mais ne nécessite pas d’équipement complexe : un thermomètre et des mesures réalisées à 10 cm de profondeur. Lorsque la température s’approche de 36 à 40°C, le chantier de curage doit être organisé selon les contraintes météorologiques, la portance du sol, la disponibilité du matériel.

 

Une réflexion plus large sur les modes de logement

Adapter les pratiques de gestion des litières dans les bâtiments

Pour les bâtiments avec logement des animaux sur litière paillée intégrale, la réduction des fréquences de curage de tout ou partie de la zone de couchage conduit à une réduction importante des quantités de litières consommées. Dans l’ouest de la France, un certain nombre d’éleveurs adoptent ces pratiques (de deux curages par semaine à un curage par quinzaine) et obtiennent des résultats probants (près de 50 % d’économie de paille). Toutefois, l’incidence sur la charge de travail est notable, mais reste acceptable selon les éleveurs. Enfin, un curage d’une aire paillée à une fréquence inférieure à 2 mois nécessite de disposer d’une fumière sur laquelle entreposer le fumier avant épandage (stockage au champ interdit).

Rendre les bâtiments moins consommateurs de paille

Au delà de la substitution de matériaux de litière, cet épisode de sécheresse doit nous sensibiliser pour amorcer la conversion de certains modes de logement trop consommateurs en paille.

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Published by patre - dans Réflexions agronomiques
16 juin 2011 4 16 /06 /juin /2011 10:33

Le champignon "Duddingtonia flagrans" qui sert de piège à nématodes, est étudié depuis un bon moment en raison de son rôle potentiel comme agent biologique de lutte contre les parasites gastro-intestinaux (vers ronds internes) du bétail. Le mycète emprisonne et tue les larves de parasite présentes dans le fumier d'animaux, ce qui réduit le nombre de larves infectieuses (L3) se déplaçant plus tard dans le pâturage et diminue par le fait même les risques d'infection parasitaires chez les animaux.

Dans cette étude, la capacité de deux isolats de D. flagrans de réduire le nombre de larves de parasites gastro-intestinaux dans l'herbe a été examinée dans trois épreuves expérimentales.

Du fumier de bétail contaminé avec des oeufs de parasites, avec ou sans addition de D. flagrans, a été utilisé pour faire des cultures fécales en laboratoire, et également pour former des bouses qui ont été déposées dans les pâturages deux ou trois fois pendant trois saisons de pâturage consécutives.

Des échantillons d'herbe provenant de la périphérie de chaque bouse ont été pris tous les quinze jours pendant 2 mois et on a noté le nombre de larves de parasites s'y trouvant. À la fin de la période de 2 mois, le reste des bouses a été recueilli pour en déterminer le poids humide et sec ainsi que le contenu en matière organique, et pour extraire les L3 qui restent.

Les résultats des cultures fécales ont prouvé que les deux isolats fongiques ont réduit de manière significative le nombre de L3 de 62 à 98 %. Dans les pâturages, un nombre significativement plus faible de larves a été récupéré dans l'herbe entourant les bouses contenant le mycète, comparativement aux bouses témoins (sans mycète) dans chacune des trois expériences, reflétant l'efficacité du mycète à détruire le parasite à l'état larvaire dans le milieu d'une bouse. L'un des isolats fongiques a réduit le nombre de L3 dans le pâturage de 76 à 85 %, alors que la réduction obtenue par le deuxième isolat fongique était de 62 à 98 %.

Après 2 mois dans le pâturage, on n'a observé aucune différence entre les bouses témoins et les bouses inoculées de mycète au point de vue de leur poids humide et sec ni leur taux de matière organique. Cela indique que la décomposition normale des résidus n'a pas été affectée de manière négative par la présence du mycète.

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