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16 juin 2011 4 16 /06 /juin /2011 07:24

Le producteur ovin qui connaît les comportements de ses animaux peut utiliser ce savoir avantageusement dans tous les aspects de la production ovine et de la conduite de son troupeau.

Qu’il s’agisse d’aménager des installations de manutention et de tonte ou de les utiliser, de conduire le troupeau vers un nouveau pâturage ou d’attraper un animal donné, l’éleveur pourra exécuter la tâche de façon efficace et avec un minimum de stress s’il sait tirer parti des réactions naturelles des moutons.

Les bases

● Les moutons sont des animaux qui, lorsqu'ils peuvent se sentir menacés, ont un fort instinct grégaire et ce trait peut être considéré comme le trait comportemental fondamental de l'espèce.

● La hiérarchie dominante naturelle des moutons et leur inclinaison à suivre docilement un chef de file vers de nouveaux pâturages ont été certainement les facteurs essentiels qui en ont fait une des premières espèces animales domestiquées.

● Tous les moutons ont tendance à se tenir à proximité des autres membres du troupeau, bien que l'intensité de ce comportement varie avec les races.

● Les bergers exploitent ce comportement pour garder les moutons ensemble sur des pâturages non clos et pour les déplacer facilement. Les chiens de berger ont des capacités pour aider au déplacement des troupeaux.

● Les moutons sont aussi très intéressés par les aliments et le fait d'être souvent nourris par l'homme fait qu'on les voit venir solliciter les gens pour avoir de la nourriture. Les éleveurs qui ont des moutons à déplacer peuvent exploiter ce comportement en marchant en tête du troupeau avec un seau de nourriture ce qui permet de les déplacer sans contrainte.

● Dans les régions où les moutons n'ont pas de prédateurs naturels, ils n'ont pas ce comportement grégaire.

● On peut aussi dresser les moutons pour qu'ils restent sur des pâturages bien précis non clôturés sans qu'ils aillent errer librement dans les zones environnantes. Les brebis enseignent ce comportement à leurs agneaux.

● Le comportement observé pour les troupeaux de moutons ne se retrouve, en règle générale, que pour les groupes de moutons supérieurs ou égaux à quatre. En dessous de ce nombre, ils peuvent réagir différemment.

● Pour les ovins, le principal mécanisme de défense est tout simplement la fuite lorsqu'ils estiment qu'un danger a franchi leur distance de sécurité. Ensuite, s'ils se sentent acculés, ils peuvent charger ou ruer. Cela est particulièrement vrai pour les brebis avec des agneaux nouveau-nés.

● En troupeau, les moutons ont tendance à suivre un meneur qui, le plus souvent, est tout simplement la première brebis à se déplacer. Toutefois, les moutons établissent une hiérarchie physique avec des animaux à position dominante dans le groupe.

● Les animaux dominants ont tendance à être plus agressifs envers les autres et se nourrissent habituellement en premier dans les mangeoires.

● La taille des cornes, surtout pour les béliers, est un facteur important dans la hiérarchie du troupeau. Les béliers avec des cornes de tailles différentes semblent moins enclins à lutter entre eux pour établir une hiérarchie que les béliers avec des cornes de même taille.

● Les moutons deviennent très stressés lorsqu'ils sont séparés du reste de leur troupeau.

● Les moutons savent reconnaître les visages des humains et des autres ovins et peuvent s'en souvenir pendant des années.

● À l'intérieur d'un troupeau, les moutons apparentés ont tendance à être plus proches entre eux qu'avec le reste du troupeau ; dans les troupeaux contenant plusieurs races, des sous-groupes raciaux ont tendance à se former, et une brebis et ses descendants directs se déplacent souvent ensemble même dans les grands troupeaux.

● Les moutons sont fréquemment considérés comme des animaux extrêmement stupides. Leur instinct grégaire et la rapidité avec laquelle ils fuient en cas de danger font que souvent leur comportement est mal compris par les non-initiés. Pourtant, une d'une université de l'Illinois sur les moutons les a placés juste après les porcs et sur un pied d'égalité avec les bovins pour leur QI, et quelques moutons ont montré des capacités pour résoudre des problèmes, ainsi un troupeau dans le Yorkshire, en Angleterre a trouvé le moyen de traverser les grilles barrières placées sur le sol en se déplaçant sur le dos. En plus, s'ils sont capables de se rappeler longtemps le visage des individus, des moutons peuvent également différencier des états émotionnels par les caractéristiques du visage. Si on travaille avec eux patiemment, on peut leur apprendre leur nom et de nombreux moutons sont dressés pour être dirigés par un licou pour des séances de présentation ou à d'autres fins. Les moutons répondent également bien à la formation conditionnée.

Les comportements dont il faut tenir plus particulièrement compte quand on manutentionne et déplace des moutons sont les suivants : 

Le mouton sent mieux que nous, voit moins bien que nous, entend mieux que nous, est plus vif que nous, court plus vite que nous mais moins longtemps. C'est un animal d'habitude, craintif.

Les moutons n’aiment pas être parqués dans un espace exigu et ils partiront spontanément vers un espace plus vaste.

Leur instinct grégaire les pousse à rejoindre des congénères.

Les moutons s’enfuient à l’approche des êtres humains et des chiens.

Ils ont la mémoire longue surtout pour ce qui concerne les expériences désagréables.

S’ils ont le choix, les moutons préfèrent s’avancer sur une surface plane que de monter sur un plan incliné, et ils escaladent plus volontiers un plan incliné qu’ils ne le descendent.

Les moutons préfèrent passer d’un endroit sombre à un endroit plus éclairé, mais ils évitent les contrastes de lumière.

Ils circulent avec moins de réticence dans des installations s’ils y sont déjà passés en suivant le même parcours et en allant dans le même sens à chaque fois.

Quand ils voient d’autres moutons courir (se sauver), ils se mettent à courir aussi.

Ils n’avancent plus ou cherchent à rebrousser chemin quand ils voient des congénères passer en sens inverse.

Ils traversent plus rapidement un enclos long et étroit qu’un enclos carré.

Les moutons avancent avec moins de réticence dans le couloir de contention (de traitement) s’ils ne voient pas la personne qui administrera les traitements.

Ils se dirigent plus volontiers vers une aire ouverte que vers un endroit qui leur semble n’offrir aucune issue.

Les très jeunes agneaux que l’on sépare de leur mère chercheront à retourner à l’endroit où s’est produit la séparation.

Les moutons réagissent négativement (comme tous les animaux d’élevage) aux bruits intenses, aux vociférations et aux aboiements.

Les jeunes moutons s’engagent plus facilement dans des installations s’ils suivent des congénères plus âgés qui sont accoutumés aux lieux.

L'agneau apprend très facilement les fondamentaux d'un apprentissage de conduite.

Le mouton est d'un naturel patient.

Les caractéristiques du comportement décrites ci-dessus ont été établies à partir des observations de professionnels expérimentés en élevage ovin dans toutes sortes de conditions.

On voit que certains comportements et certaines réactions des moutons sont très prévisibles et que l’éleveur peut les mettre à profit dans tous les aspects de l’exploitation de son troupeau.

L’éleveur qui intègre les aspects du comportement animal dans la conduite de son troupeau verra qu’il devient plus facile de déplacer des groupes d’animaux, que les moutons sont moins réticents à entrer dans les installations de contention pour y être traités et que les indicateurs de stress diminuent, chez les animaux comme chez ceux qui les manutentionnent.

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Published by patre - dans Comprendre l'élevage